La Grande joie
Il y a eu ce moment où la grâce s'est installée.
Elle prend toute la place. Cette présence ne demande rien, ne qualifie rien, se meut d'elle-même et ne retient rien, elle est donc fraîche à chaque instant.
Elle est la grande joie.
Être conscient de ne rien être et de ne rien savoir a foudroyé ce désir d'exister, me laissant dans un perpétuel étonnement !
Je suis un nouveau-né qui constate que la conscience s'expérimente de si merveilleuses façons : le cycle des saisons, l'air chargé de lumière et d'humidité, les oiseaux qui valsent dans cet espace nommé ciel, les individus qui rêvent d'exister, mais ne sont séparés de rien.
Dans le tout vibrent la connaissance, la non-connaissance et l'absence de cette idée de connaître et de ne pas connaître.
J'ai cessé de m'identifier à la pensée. Je la vois pour ce qu'elle est, point final. Cette pensée qui est un attribut du cerveau et qui habite dans le cerveau du corps humain. Cette machine qui s'attribue des titres selon ce que la société a décidé : voici un bohème, un intellectuel, un chercheur spirituel. (…)
Ce rôle que vous donnez à la pensée est une illusion. La pensée est sans vie, car elle est déjà morte dans le temps et survit dans la mémoire. Elle écrase l'élan de vie, les bourgeons gorgés de possibilités, l'innocente sensibilité.
La Vie, elle, renaît à chaque instant ; sa beauté est en mouvement et ne peut être comprise par la pensée. C'est un espace vierge où la pensée ne pénètre pas. (…) On ne rêve que de soi dans le monde de la pensée !
L'être ne s'éveille pas : il arrête de rêver qu'il existe en tant que pensée individuelle et se fond complètement dans le tout.
La Vie est si parfaite. La grande joie est le retour à la Source.